« Les véhicules autonomes ne sont plus de la science-fiction »
Véhicules autonomes, robots taxis, TAD (transports à la demande). Bien plus qu’un sujet à la mode, l’optimisation du transport de personnes sur route est devenue une obligation sociétale… et l’obsession des opérateurs de mobilité.
Créée en 2014 en Suisse, Bestmile propose, grâce à son offre logicielle, de coordonner les flottes de véhicules, avec ou sans conducteur. Et, au vu de leurs tailles sans cesse grandissantes, les aéroports sont des terrains de jeu incroyables à investir. Luc Texier, directeur des ventes de Bestmile, nous explique tout.
Bestmile, qu’est-ce que c’est ?
Luc Texier : Bestmile est un éditeur de logiciel qui gère des flottes de véhicules, principalement autonomes. Nous proposons notre technologie aux opérateurs de mobilité devant optimiser, en temps réel, des parcs de centaines d’automobiles, de navettes ou encore de bus.
Pour faire une analogie avec l’aéronautique, nous pouvons dire que notre plateforme est la tour de contrôle des systèmes de transport. Notre algorithme envoie le bon véhicule au bon endroit et au bon moment. Concrètement, l’intelligence artificielle indique au véhicule autonome : « tu es là, et tu vas là » et ce dernier s’exécute. Bien sûr, nous travaillons aussi sur des flottes de véhicules avec chauffeurs, le principe restant le même.

Comment ça fonctionne ? Quels sont les champs des possibles ?
Pour apporter une information fiable, en temps réel, l’algorithme travaille sur toutes les données à disposition, comme le trafic ou la météo.
Après, le service diffère en fonction des situations. Le logiciel peut par exemple offrir à un passager la possibilité de faire une petite sieste dans son véhicule, en assurant seul la coordination du trafic. Et, si des caméras et capteurs détectent un problème sur la voie, il modifiera le trajet du véhicule, pour garantir la fluidité du déplacement.
Quelles synergies avez-vous créées avec le Groupe ADP ?
Nous avons d’abord travaillé avec la direction de l’Innovation du Groupe ADP. Le but était d’alimenter leurs réflexions et leur vision sur les nouvelles mobilités.
Quand le groupe a commencé à réfléchir à l’optimisation des services de mobilité de ses plateformes aéroportuaires, nous avons créé un outil de simulation de la demande, de la météo et du trafic. Nous avons ainsi envisagé des pistes de travail, avec des objectifs de performance mais aussi de durabilité.
Quelques exemples ? Nous pourrions parfaire le pré-booking des taxis à la sortie de l’avion ou proposer des navettes pour les hôtels de la zone. Le placement des taxis, quant à lui, pourrait être amélioré en fonction des arrivées d’avions, avec un gain sur la qualité de l’air. Mais tout cela reste bien entendu à discuter avec les opérateurs de mobilité en charge des plateformes du Groupe ADP.

De manière générale, les aéroports deviennent très grands et la connexion entre les différents points qui les constituent doit évoluer. Cela peut passer par le système routier existant ou la création de nouvelles lignes. Tout ceci nécessite de la pédagogie mais quand le service proposé est de qualité et sécurisé, cela ne pose pas tant de problèmes que ça !
Les véhicules autonomes pour l’aéroport, c’est pour quand ? Et quelles sont les perspectives pour Bestmile ?
Le prochain challenge pour nous, ce sont les flottes de véhicules qui ne circulent plus sur une ligne fixe mais à la demande, quasiment en porte à porte, notamment en milieu rural. C’est toujours la problématique du premier et dernier kilomètre mais c’est plus complexe à gérer que du micro-transit.
Quant aux véhicules autonomes, c’est pour demain ! Nous avons un projet de flotte autonome pour 2023 en Belgique. En France, ce sera possible d’ici 5 ans, sur des lignes dédiées, par exemple au sein d’un aérogare.