Quand le big data nous transporte



Aux yeux du grand public, le big data apparait parfois comme un sujet abscons ou loin des préoccupations quotidiennes. Pourtant, face aux enjeux du transport aérien en matière de sécurité, d'économies de carburant et d'environnement, les données sont de véritables atouts… à condition de les rendre intelligibles !
Créé en 2010 par des professionnels du transport aérien et de la sécurité aérienne, Safety Line participe à la révolution silencieuse de la data en la mettant au service des aéroports et des compagnies aériennes, et de leur public. Son directeur commercial, François Chazelle lève le voile sur ces nouveaux outils.



Quels sont les outils proposés par Safety Line ?


François Chazelle : Nous avons démarré avec Safety Cube. C’est un système centralisé de suivi en temps réel de la gestion des risques, qui vise à en limiter les causes possibles et les conséquences éventuelles. Autrement dit : Safety Cube est un logiciel qui aide les aéroports à répondre aux exigences réglementaires de sécurité en utilisant toutes les données à disposition.


Concrètement, tous les incidents ou évènements de sécurité sont classés selon une taxonomie aéronautique précise et associés aux risques qu’ils représentent. Chaque nouvel incident teste l’efficacité de la solution mise en place pour le résoudre et la fait éventuellement évoluer.







Airside Watch exploite les très nombreuses données radars utilisées pour le contrôle aérien : c’est une interface qui les rend intelligibles et manipulables avec des recherches précises en termes de temps ou de lieux. Objectif : analyser les problèmes de circulation ou de délais pour améliorer les temps de mouvement des avions sur l’aéroport.


Par exemple, nous pouvons savoir quand la maintenance d’une voie de circulation (taxiway en jargon aéronautique) doit être effectuée en fonction des masses qui sont passées dessus, de la position des points de congestion, ou du temps d’attente des avions au décollage quand ils font la queue sur le seuil de piste… A partir de là, les pistes d’amélioration sont multiples, autant pour la sécurité qu’en ingénierie.



Le big data, qu’est-ce que c’est ?


Le big data, traduit par médagonnées ou données massives, désigne l'ensemble des données numériques produites par l'utilisation des nouvelles technologies. Cela comprend aussi bien les données d'entreprise (courriels, documents, bases de données...) que les données issues de capteurs, de contenus publiés sur le web (images, vidéos, sons, textes…), de transactions de commerce électronique, d’échanges sur les réseaux sociaux, de géolocalisation ou encore les données transmises par les objets connectés (compteurs intelligents, smartphones...).


Ces ensembles de données sont si volumineux qu’un logiciel de traitement de données traditionnel ne peut les gérer. Mais, avec les bons outils, ils résolvent des problèmes qui n’auraient jamais pu être résolus autrement.



avion-sur-piste



Plus directement destinés aux compagnies aériennes, Optiflight a aussi des incidences au sol. C’est un outil d’optimisation de la trajectoire de l’avion, du décollage à l’atterrissage. Les calculs sont effectués sur des dizaines de milliers de trajectoires, en recoupant les données d’Airside Watch spécifiques à chaque aéroport avec les données des compagnies, des constructeurs et les données météo.


Au final, il est possible de modéliser et sélectionner une trajectoire qui soit la plus économe en carburant et donc réduise les émissions de carbone (C02) et d’oxyde d’azote (Nox).



6%
C’est le pourcentage d’économies de carburant que promet Safety Line grâce au big data


Quel est le bénéfice pour les usagers des aéroports et les passagers ?


Au sol, il est de deux types. Tout d’abord, un gain de temps. Les trajets au sol des avions étant optimisés, ils sont moins en retard, c’est moins d’attente pour les passagers. Ensuite, comme nous l’avons vu, les émissions polluantes sont réduites.


Les compagnies aériennes sont aussi très sensibles à ces arguments et communiquent de plus en plus sur ces outils qui permettent d’être plus performant en consommant moins.

 



Quelles synergies entretenez-vous avec le Groupe ADP ?


Le Groupe ADP est à la fois un client et un investisseur depuis 2017, mais aussi un partenaire de recherche et commercial au travers d’ADP Ingénierie.


Avec eux, nous avons développé un outil de simulation décliné d’Airside Watch. Ainsi, en amont des chantiers de construction, nous alimentons des modèles de simulation avec des données radars réelles. Et, une fois que les chantiers sont terminés, nous vérifions avec le même outil les résultats effectifs. C’est un véritable avantage concurrentiel sur les projets d’infrastructure sur lesquels se positionne le groupe.





Et demain ?


La recherche & développement est le cœur de notre métier. Nos équipes sont constituées de statisticiens, de data scientists, de doctorants, qui ne cessent de réfléchir aux moyens de développer et d’améliorer nos produits et d’en créer de nouveaux !